dimanche 27 novembre 2011

Le monde de Georges Minne et Maurice Maeterlinck




Autre expo au musée des Beaux-Arts de Gand, et j'avoue que je l'avais mise en second choix, après Constable. Grave erreur ! Si, bien entendu, on a droit à un large choix d'oeuvres du sculpteur Minne, que je n'apprécie pas vraiment (trop de pathos pour moi), et à un large éventail d'éditions rares du poète symboliste Maeterlinck, illustrées par de grands noms (le rêve des bouquinistes), le tout est accompagné de tableaux de peintres que j'aime à la folie. Minne et Maeterlinck, amis dans la vie, participaient tous deux au courant symboliste, et dans une certaine mesure à l'art nouveau. Ce qui justifie la présence de deux Klimt et deux Schiele, excusez du peu. Les peintres exposés, quelques noms dans le désordre, Puvis de Chavannes, Odilon Redon, Fernand Khnopff, Léon Spilliaert, le préraphaélite Edward Burne-Jones, Maurice Denis - et j'en passe. Un petit vase de Gallé absolument craquant.
Et l'on apprend que Maeterlinck avait disposé au-dessus de son lit une reproduction photographique de l'Agneau Mystique, le célèbre retable de Van Eyck, conservé dans la cathédrale Saint Bavon à Gand (chapelle ultra sécurisée, entrée payante); je vous mets un détail, les anges chantants...

Pour terminer, un arrangement Georges Minne, appartenant aux collections permanentes du musée...

samedi 26 novembre 2011

Constable à Gand (musée des BA)

Un événement.
Pas la rétrospective que j'ai vue à Londres au Tate Gallery, rien que les huiles et dessins de la collection de l'Albert & Victoria; enfin, rien que...
Remarquable sur tous les plans pour ce peintre mal connu et pourtant à l'origine du paysage moderne, annonciateur des impressionnistes, peignant tranquillement son environnement champêtre "sur le motif".



Peintre atmosphérique (plairait à Eveline), spécialiste des ciels tourmentés. Quelques exemples, et bien sûr mon tableau favori, qui était bien là, "study of the trunk of an elm tree", 1821

Un théâtre qui secoue les murs

La formule n'est pas de moi, je l'ai trouvée dans la presse. Dont j'ai bien eu besoin pour digérer ce spectacle de Anne-Cécile Van Dalem (festival Next, maison de la Culture de Tournai). Le théâtre contemporain, c'est comme l'art contemporain (ça en fait partie), faut s'y faire, ne suis pas de la bonne génération. Essayons de résumer. Une famille où personne ne se parle. Un lieu clos. Et pour se retrouver, ont besoin de passer à l'extérieur. Aidés par une petite fille, la part du rêve. Et puis j'ai tout faux, ce n'est pas cela du tout. Exactement comme quand je regarde une "installation" dans un musée, où chacun trouve quelque chose - ou rien. Ca s'appelle habitu(a)tion. Chapeau pour la technique, les décors qui bougent, qui avancent, qui surgissent de nulle part. Mais bon...
J'oubliais: prix de la critique 2010-2011

lundi 21 novembre 2011

Standing ovation pour Kiss & Cry



Les mots sont impuissants pour exprimer l'impression que laisse le spectacle de Michèle Anne De Mey (chorégraphe) et Jaco Van Dormael (cinéaste), texte de Thomas Gunzig (écrivain). NanoDanse, dit le programme. Inclassable: du cinéma, de la musique, de la danse, de la poésie, de l'animation, de la littérature, du théâtre ? Tout cela à la fois. Les protagonistes ? Quatre mains, filmées en direct, qui expriment tour à tour les émotions d'une vieille dame se replongant dans ses souvenirs sur le quai d'une gare. A l'aide de décors miniatures que les spectateurs peuvent voir sur la scène, filmés devant leurs yeux, et projetés sur un grand écran (si bien qu'on ne sait plus où donner... des yeux, et que l'on manque forcément des détails). Prouesse physique (ces mains qui expriment tout l'éventail des sentiments), prouesse technique, c'est du direct, chaque représentation est unique. Concentration maximum , du public aux acteurs et techniciens, tous visibles sur le plateau, y compris le grand maître, Jaco Van Dormael. Voix off de Thomas Gunzig, texte tendre et poétique. Vous ne comprenez pas ce que je tente d'expliquer ? A Mons et à Tournai (où j'étais hier), c'est fini, mais le spectacle est prévu dans d'autres lieux, informez-vous, et courez-y. C'est du belge, et du meilleur.
Ah oui, kiss & cry, c'est le surnom du banc sur lequel les patineurs attendent le verdict du jury...

samedi 5 novembre 2011

Indios no Brasil

Toujours dans le cadre d'Europalia, une expo passionnante au musée du Cinquantenaire. Indiens d'Amazonie, tout un programme... C'est qu'à ces mystérieuses et belliqueuses ethnies, on prête, encore maintenant, des traditions d'anthopophagie, de réductions de tête, d'inhospitalité. C'est oublier que nos conquistadores ont décimé ces tribus prospères par les maladies et les persécutions en tous genres (dont la déforestation). Dans mon imagerie personnelle, les tribus d'Amazonie ne sont guère sympathiques, toujours à l'âge de la pierre, et sans production artistique majeure.
Cette expo fait tomber mes clichés. Reconnus comme citoyens brésiliens à part entière depuis...1988, les Indiens tentent de se faire une place dans cette immense nation émergeante qu'est le Brésil, à cheval entre la modernité et le refus de laisser mourir leurs traditions. J'ai découvert des céramiques qui valent bien les productions du Pérou, et surtout des parures de plumes absolument fantastiques. Des films en boucle montrent les cérémonies rituelles, qui ont toujours lieu à certaines périodes de l'année, occasion de revêtir de somptueux masques colorés. Jamais rien vu de pareil.
Les traditions religieuses sont très proches de celles des Navajos, sur lesquels j'ai tant lu ces derniers temps.

Un grand regret: ne pas avoir pris des photos. Celles que vous voyez sont piquées sur Google.

mercredi 2 novembre 2011

Corpo/Corpo Aberto ou le corps en feu

Parlons quand même du spectacle. La compagnie Membros est une troupe qui met en scène la violence des jeunes brésiliens défavorisés, pour mieux la dénoncer et intégrer ces mêmes jeunes. Techniques: un mélange de hip hop, de capoeira et de danse classique.
La capoeira, j'en ai vu au Brésil - spectacles de rue payants pour touristes - les jeunes ont compris le filon. N'empêche que c'est intéressant. Comme d'ailleurs le hip hop de rue, même si un acolyte passe avec un chapeau. Avec Membros, on passe à un stade supérieur: le professionalisme, et hip hop capoeira vus comme un art.
Le spectacle avait cet aspect-là, plus quelques épisodes d'expression corporelle pure, sans musique. Très beau visuellement, mais un peu difficile pour un public non averti. Applaudissements froids, pas de rappel, et entendu dans la file du parking, "combien on a payé pour ça"?
C'était aussi l'avis du mec au téléphone, qui après avoir demandé à sa femme "qu'est-ce que ça veut dire ce truc ?", a eu la bonne idée de quitter la loge avant la fin du spectacle, en emmenant ses deux filles.
Et j'ai pu regarder mon hip hop tranquillement.

Les tribulations d'une amateure de danse contemporaine brésilienne

Toujours dans le cadre d'Europalia Brésil, je me réjouissais d'aller voir à Namur Medo, une production de la compagnie Membros, spectacle récemment joué à Paris, et dont j'avais vu des extraits enthousiasmants sur Youtube. Première déception, Medo est remplacé par un autre spectacle, Corpo/Corpo aberto. Pas le choix, de toute façon, c'est la même compagnie. J'achète ma place sur Internet.
Je reçois mon ticket à la billetterie, et comme je suis en avance, je m'offre un Porto au Foyer, et je me plonge dans mon livre du moment (Jonathan Franzen). Pas de chance, la table voisine est occupée par un mec qui n'arrête pas de téléphoner, et ses deux filles (7 et 10 ans), deux paquets de nerfs qui ne tiennent pas en place. Excédée, je me rends à mon siège pour lire tranquillement, et je découvre que je suis casée au dernier rang du deuxième balcon, sur le côté. Assise, je ne vois qu'une petite portion de la scène.
De plus en plus furieuse (vraiment c'est pas mon jour), je retourne à la billetterie, et moyennant un supplément de prix, j'obtiens une place en baignoire de face, au rez-de-chaussée. Je m'installe, heureuse. Bonheur de courte durée, les quatre dernières places de la baignoire sont octroyées à qui ? Au mec - qui à force de téléphoner - a récupéré sa femme, et aux deux gamines insupportables.
Ca c'est une soirée culturelle !!!

mardi 1 novembre 2011

Brazil Brasil

Europalia Brésil bat son plein depuis le début octobre, et il a fallu que je sorte de ma léthargie et des images turques pour m'y intéresser. Vu d'un coup quatre expos: Brazil Brasil (l'art au Brésil depuis le 19ème), Art in Brazil (l'art contemporain version Brésil), Extremes (la photographie au Brésil) et Terra Brasilis (la géographie, faune, flore, expéditions etc.). Les trois premières groupées à Bozar (ce qui facilite la visite) et la dernière - vraiment très intéressante - chez ING Place Royale.
Ma première constatation: je suis allée au Brésil, au mois de février 2005. C'était mon dernier voyage en groupe. Un des plus décevants par ailleurs. Et je me rends compte que le Brésil reste pour moi une terre inconnue. Pourquoi ? Parce que voyager seul(e) oblige à tout apprendre par soi-même pour réaliser un circuit intelligent. Suivre le guide, c'est s'abandonner à la paresse.
Autrement dit, je suis comme les premiers portugais sur la terre du bois rouge, je découvre, je découvre...

jeudi 16 juin 2011

Jeff Wall

Les amateurs de photos connaissent à coup sûr son nom et ses grandes photos dans des caissons lumineux. "Tableaux photographiques", selon l'auteur, c'est-à-dire mises en scène de la réalité, pas toujours spontanées. Wall s'inspire du cinéma, de la peinture, de la littérature, et prétend recréer une sorte de théâtre de la vie moderne.
Expo ambitieuse, s'articulant autour de quelques oeuvres marquantes de l'artiste et de celles d'autres artistes, peintres, écrivains, autres photographes, dont il s'est inspiré. Pour quelqu'un comme moi plutôt néophyte en photographie, passionnant.
Illustrations:
- Le penseur et son poignard dans le dos...
- "The Crooked path", qui donne son nom à l'expo; 5 écrivains de diverses origines ont créé un texte à partir de cette photo; si Magali veut s'y risquer...


Bozar, jusqu'au 11 septembre

mercredi 30 mars 2011

Shen Yun

Hier soir, dans la belle salle du Théâtre National à BXL, un spectacle de danse classique chinoise, dont l'ambition est d'évoquer (vraiment en raccourci) une civilisation de milliers d'années. Je rêvais plutôt d'un opéra chinois, dont je raffole, mais le spectacle surfait davantage sur la vague de la danse ethnique ou folklorique, en une série de tableaux se voulant didactiques, sur une musique d'orchestre hybride (instruments classiques + quelques instruments typiquement chinois).
Ce que j'ignorais (on ne se documente jamais assez), c'est que cette compagnie, basée à New York, et rassemblant des artistes de la diaspora et même de la dissidence, est interdite en Chine parce que diffusant le message de la secte religieuse Falun Gong, persécutée par Pékin.
Rien à dire de la mise en scène, somptueuse, des décors, des costumes, de la technique des danseurs, très au point, mais lorsque les apsaras descendent du ciel pour emporter avec elles le brave garçon tué par la méchante police parce qu'il n'a pas voulu renoncer au livre saint de la secte, on frise la niaiserie. Quand un sympathique tenor enchaîne avec les principes de base du falun Gong, ou que le maître apparaît, tout de blanc vêtu, intermédiaire entre un moine bouddhiste et un sénateur romain, c'est limite aussi. J'ai cependant passé une bonne soirée, visuellement parlant. Quant au message...même Poutine et Medvedev, en s'affichant à certaines cérémonies du culte, ont compris qu'il faut lâcher du lest dans ce domaine ! Interdire cette secte naïve ne fait que la conforter, non ?

mercredi 16 mars 2011

Le cercle de craie caucasien

Une pièce fleuve de Bertold Brecht - 50 personnages - mise en scène par Jasmina Douieb (ne me demandez pas qui c'est mais n'oubliez pas le nom); le tout avec quelques coupures, et  les 50 rôles joués par 7 acteurs fabuleux, qui changent de personnage et de costume devant le public (pas de coulisses) !!! Un mélange de burlesque (un petit côté Ubu roi), d'épique, de tragico-comique, sur les thèmes favoris de Brecht, avec des marionnettes, des chansons, des poèmes, des acobaties. On ne s'ennuie pas une seconde.
Pour ceux qui veulent la clé du titre: il s'agit de départager à la Salomon deux mères qui réclament le même enfant; qui l'emportera, la génitrice ou celle qui l'a élevé ? Je vous laisse deviner.
A Fleurus, ferme de Martinrou - avec une pensée pour mes filles Emmanuèle et Delphine, qui se sont mariées le même jour, repas dans la salle voisine du théâtre- et... j'espère que Raymond lit ce billet - à la Maison des jeunes et de la culture à Comines-Warneton...

mercredi 23 février 2011

L'Amérique, notre histoire...


Autre expo, à Bruxelles, Tour et Taxis. Consacrée aux rapports entre l'Europe et les States. Très didactique. Sur le thème "je t'aime moi non plus"; on aime afficher une sorte d'antiaméricanisme, mais on adopte les yeux fermés toutes les modes qui viennent de là-bas, pêle-mêle musique, jeans, ciné, malbouffe... Un thème ressassé. Sur le plan historique, très utile pour la jeune génération.

J'ai voulu y faire un tour en préparation à mon prochain voyage...



Anselm Kiefer







Gratifiée de 4 étoiles dans mon quotidien, cette expo au musée des BA à Anvers tient ses promesses: 22 tableaux de (très) grandes dimensions dans un musée ... vide (en rénovation); lieu d'exposition idéal pour mettre en valeur ces immenses compositions mêlant peinture, plomb, plâtre et autres techniques. Sur les gigantesques murs blancs de ce bâtiment massif à la mode du 19ème. On reçoit un petit guide multilingue, décryptant le sens de chaque oeuvre, au cas où il nous échapperait... A vrai dire, je ne sais si c'est une bonne chose de décortiquer ainsi ce qu'un peintre à voulu exprimer; me rappelle mes années d'école; personnellement, j'apprécie avant tout le point de vue esthétique et le vagabondage de ma pensée. N'empêche, un super moment.


Sur le lien, d'autres photos, et quelques explications pour ceux qui ne connaîtraient pas Kiefer...

mercredi 9 février 2011

Missie


"Mission" en néerlandais, tout un programme, et une pièce qui fait fureur à Bruxelles avant de s'exporter à l'étranger...

Grâce à ma belle-fille (encore merci Marie), j'ai pu voir cette pièce à Tournai, bien avant qu'elle fasse les titres des quotidiens.

Une performance d'acteur - incroyable Bruno Vanden Broecke - seul en scène pendant deux heures, pour incarner un Père blanc septuagénaire, de retour du Congo. On mord au propos, même si comme moi on est anticolonialiste et athée. On en oublie que l'acteur n'est pas ce missionnaire désabusé, revenant d'un pays en proie aux guerres et aux dérives les plus sordides, doutant du sens qu'il a donné à sa vie mais aussi dégoûté par le matérialisme de sa Flandre natale, qu'il retrouve après de nombreuses années en "mission". Car l'acteur est flamand, et il s'exprime avec un délicieux accent qui me rappelle celui de...Ronald. Il paraît que cet acteur hors pair prépare une version en allemand et une autre en italien, pour jouer la pièce dans ces deux pays: je suis certaine que son talent fera des merveilles. Bravo l'artiste !

dimanche 16 janvier 2011

Les arbres de Giuseppe Penone




Une expo 4 étoiles (selon mon quotidien préféré) au musée d'art contemporain du Grand Hornu. Chaque fois que je me risque à une visite de ce musée, je retombe sous le charme du bâtiment, une vraie merveille - qui, tout en offrant aux exposants un espace unique et magnifique, eclipse totalement les objets exposés. C'est mon avis, un avis partial, évidemment. Les arbres sont dehors ou dedans, et même coupés, ou associés à des pierres. Une belle promenade à la nuit tombante, s'il ne fait pas trop froid...