jeudi 19 janvier 2012

Antigone

Eh bien, oui, j'y suis allée ! Après tant et tant de discussions sur l'opportunité d'écouter le texte de Sophocle chanté par Bertrand Cantat - après tant de tergiversations, mon avarice (j'avais une place gratuite) et ma curiosité l'ont emporté sur mes principes.
Le malaise, je l'avais, surtout quand le choeur parle de violence, de folie des hommes. Je ne sais si la salle (bourrée de jeunes) partageait mes scrupules: j'ai entendu derrière moi un jeune homme demander à ses amis qui était Cantat...
Le texte n'a pas vieilli d'un pouce, d'une rare puissance, jamais égalée, sauf par Shakespeare: un cri de révolte pour la justice, contre la violence et la dictature. Antigone, une de mes héroïnes préférées.
La mise en scène de Wajdi Mouawad est vraiment bluffante, absolument dépoussiérante; les acteurs sont bons - Coryphée remarquable, Tiresias (joué par une femme) également. Antigone est à la fois fragile et inflexible. Les costumes très rock'n roll, avec un petit air de Matrix. La musique (du rock pur et dur) donne une autre dimension au choeur. Mais celui qui transcende tout, par sa présence, sa voix déchirante, la vedette, c'est Cantat.

jeudi 12 janvier 2012

Britannicus ou les alexandrins en skateboard

Bon, d'accord, pas de skateboard, mais bien une rampe à skateboard en guise de scène, et les acteurs obligés de monter et de descendre (en courant) ou de s'immobiliser dans d'inconfortables positions pour déclamer du Racine. Jeux d'ombre et de lumière intéressants, couleurs bleutées ou orangées, atmosphère de polar pour une tragédie antique. Costumes d'époque, mais on ne sait pas très bien de quelle époque, très shakespearien, renforce l'universalité du sujet. Public essentiellement composé de jeunes, qui certainement sont venus contraints et forcés; et pourtant... que tous ces jeunes de la génération Facebook soient capables de rester deux heures en silence, sans bouger, sans manger, sans téléphoner, à écouter des alexandrins, j'avoue que ça me redonne confiance dans le monde.
Le texte n'a pas vieilli. Enfin, c'est mon avis ! Le sujet non plus, pouvoir, amour, trahison, folie...Et cette mise en scène rafraîchit la pièce, souvent alourdie par l'emphase des comédiens et les déguisements qu'on leur impose. J'ai passé un bon moment.
D'aucuns diront que je deviens sourde, mais Agrippine, je ne la comprenais que lorsqu'elle était en colère.

Tournai, maison de la culture