samedi 24 janvier 2009

Rothko au Tate Modern




Pour ceux qui ne sont plus allés à Londres depuis leur école primaire, le Tate Britain a enfanté d'un deuxième musée, le Tate Modern, pour abriter les collections d'art contemporain trop à l'étroit dans l'antre de Turner.


Le Tate Britain s'est installé dans une ancienne usine au bord de la Tamise, bâtiment un peu froid mais dont les grands espaces conviennent particulièrement à l'art contemporain. On y accède par un pont piétonnier, le "Millenium Bridge" (donc vous voyez que c'est assez récent...), en face de St Paul, d'où on a une vue superbe (par temps clair) sur le London Bridge ou le St Mary Axe, surnommé The Gherkin (le cornichon), qui pour moi évoque davantage un suppositoire. Regardez le lien et prononcez-vous...




Ce qui m'attirait au Tate Modern ? Une rétrospective des derniers travaux de Rothko, un de mes peintres modernes préférés. Quand j'admire ses toiles, je me dis que c'est tellement simple que j'en ferais bien autant...Mais si je regarde de près, hmmm, quel complexité dans le coup de brosse. Bref, je m'assieds et je m'imprègne des couleurs et de l'atmosphère.
Photos: un Rothko, bien sûr, et une vue plongeante sur le Tate Modern et le Millenium Bridge


vendredi 23 janvier 2009

Byzance







Autre expo de prestige à Londres, où tout le monde se bouscule, les ors de Byzance... Plus proche de nous que Babylone, et tout aussi fascinante pour moi, à cause des lieux qu'elle évoque et que j'ai visités. Evocation des empereurs Constantin et Justinien, de l'impératrice Theodora. Merveilleuses icônes provenant des nombreux pays dominés ou influencés par l'église d'Orient. Objets fabuleux, tels que le "Calice d'Antioche", considéré comme la coupe du st Graal (venant des Cloisters à NY).



Toute une série d'icônes en provenance d'Ohrid (Macédoine) - souvenirs de 1983, avec Tanja et Juba - , de Moscou, de Serbie... Des mosaïques en provenance de Constantinople, de Ravenne, de Mistra (Marie souviens-toi, nous avons dormi à la belle étoile); des objets de Venise, d'Arménie, de Syrie, d'Alexandrie..



Une des pièces maîtresses exposées, la très rare icône "The heavenly ladder of st John Klimakos", où l'on voit l'ascension difficile vers le ciel, et les damnés tombant en enfer; c'est la seule image connue représentant ce sujet, en provenance du Monastère de ste Catherine au Sinaï, fondé par l'empereur Justinien.



Il faut en faire des voyages pour voir tous ces trésors, rassemblés ici dans quelques salles...



Illustrations: le st Graal, l'échelle du paradis et un st Michel très réussi

Babylone aujourd'hui




Les ruines de Babylone ont été découvertes au 19ème siècle. Les fouilles principales furent l'oeuvre d'archéologues allemands qui emportèrent à Berlin la porte d'Ishtar et les lions de la voie processionnelle. Tout cela ne se fit pas sans dégâts. Les Turcs utilisèrent des briques pour leurs propres bâtiments. Saddam Hussein se servit du site pour sa propre gloire, en le faisant...reconstruire ! Il laissa même une inscription dans les murs, à la manière des rois antiques. Et puis il se fit bâtir un palais moderne au milieu des ruines...
Les malheurs de Babylone n'étaient pas terminés; en 2003, les Américains y installèrent un camp militaire, et les tanks ont abîmé l'allée processionnelle. Gageons que les boys ont eu à coeur de laisser quelques graffitis sur les murs...
Grandeur et décadence.
Photos: le site avant reconstruction par Saddam, et porte d'Ishtar au musée Pergamon de Berlin.

Babylone





Ce n'est pas un nouveau projet de voyage, vu que Babylone se situe où vous savez, un peu au sud de Bagdad, mais une expo géniale au British Museum à Londres.
Vu la guerre en Irak, on pourrait se féliciter que la porte monumentale d'Ishtar et les fresques spectaculaires de l'allée des lions se trouvent à Berlin et à Londres... Un argument au moulin de ceux qui défendent les "voleurs d'antiquités".
L'expo commence par une reproduction géante de la "Tour de Babel" de Breughel: le ton est donné. Il ne s'agit pas d'une ènième expo archéologique - bien que certaines pièces très précieuses y soient exposées - mais d'un parcours qui aborde toute la mythologie autour de cette ville qui semble avoir titillé l'imagination depuis des siècles. Synonyme d'abomination et de débauche (une video explique la théorie des Rastas), origine de l'incompréhension entre les peuples (la tour de Babel), royaume de la sulfureuse Semiramis (on nous rétablit la vérité historique), ville de l'exode des Juifs, du célèbre Nabuchodonosor, du héros Daniel (les invraisemblances de la Bible sont démontrées) mais aussi merveille du monde antique, murailles, ziggourat, et les fameux jardins suspendus (ont-ils réellement existé ?), civilisation brillante, qui connaissait l'écriture (cunéiforme), puissance militaire qui dominait le moyen-orient et fut mise à bas par le perse Cyrus qui en fit également sa capitale.
Babylone a particulièrement inspiré les arts, que ce soit la peinture, la musique (et pas seulement l'opéra, Boney M a sa place sur les cimaises), le cinéma (nombreux extraits de vieux films). A chaque époque, une vision différente. Passionnant.
Les grands musées de Paris et Berlin ont prêté des pièces maîtresses, un must vraiment.

jeudi 8 janvier 2009

Trésors de Dunhuang







A Paris, conjointement au musée Guimet et au centre culturel chinois.

Au musée Guimet, sans surprise, on sort les fabuleux rouleaux de soie peints découverts dans les fameuses grottes, et rachetés à vil prix par Paul Pelliot au pauvre moine gardien du site, en même temps que les précieux manuscrits (entre 1902 et 1909); pour les néophytes, les grottes de Dunhuang, nord de la Chine, sur le parcours de la route de la soie, ont révélé des parois peintes dès le règne des... Tang ! Sous le signe de Bouddha. Dans l'une des grottes, Aurel Stein et puis Paul Pelliot découvrirent un trésor de rouleaux oubliés depuis l'islamisation de la région.

Autre clou de l'expo, des photos de l'expédition Pelliot, rarement montrées, un must pour moi, qui raffole des clichés en noir et blanc.
Au centre culturel chinois, reconstitution, un peu à la manière des grottes de Lascaux, de deux des fameuses grottes; et puis plusieurs salles exposent les reconstitutions minutieuses de certaines peintures, sur papier de riz.
Une reconstitution fait toujours un peu kitcsh et je ne sais si ça peut donner envie de courir à Dunhuang ! Mais pour moi qui ai vu les grottes (avril 2006) et fais en quelque sorte le chemin inverse, c'est un très beau souvenir qui remonte à la surface. Le bleu fabuleux de certaines scènes, les visages d'une étrange beauté, et surtout les merveilleux apsaras (anges danseuses) qui vous emmènent au septième ciel...
Photos interdites, et sur place dans les grottes, et au musée Guimet, et au centre culturel chinois. Je vous mets les liens vers les sites, et des photos personnelles: moi sur la rivière de Dunhuang (il y avait la même de Pelliot), l'entrée du site, et des apsaras bleus d'un de mes livres.
Sur le site du cc chinois, une carte, qui vous aidera à situer l'endroit...
Sur Wikipedia, une des fameuses photos noir et blanc, la plus connue...

Emil Nolde




A Paris, qu'il pleuve, neige ou règne un froid sibérien, tout le monde fait la file pour voir l'expo "Picasso et ses maîtres", en ignorant l'expo Nolde juste à côté.



Pour les Français, qui c'est celui-là ???



Déjà que j'ai manqué Bacon à Londres (pour cause éthiopienne), je ne pouvais manquer Nolde à Paris.



J'ai eu la chance de voir à Den Haag, il y a quelques années, une superbe expo sur les aquarelles de Nolde, aquarelles rutilantes de couleurs à mille lieues des habituelles transparences de cette technique. Je m'étais juré d'aller un jour à Seebull (Schlesvig, nord de l'Allemagne) où se trouve sa fondation, projet toujours avorté. Et voilà que la plupart des grandes oeuvres exposées à Seebull sont à Paris, 1h30 de train...
Mes proches savent que ma période préférée est l'expressionnisme: Nolde en est un des meilleurs représentants. Je ne connaissais pas ses oeuvres religieuses - sauf la "Pentecôte"- et je les ai trouvées fascinantes. L'expo est parfaite, très didactique et ordonnée, une salle pour les marines, une salle pour les scènes de cabaret, une salle pour les scènes exotiques etc., et même (très rare) un ensemble des cartes postales humoristiques de ses débuts (les montagnes qui rigolent), un travail alimentaire.

Les rares personnes que j'ai croisées dans cette expo étaient aussi ignorantes sur cet artiste qu'ahuries par les toiles.
Le site de l'expo est plein de magnifiques reproductions. J'aime bien les chats...