dimanche 11 avril 2010

Lucian Freud







Pour ceux qui l'ignorent, petit-fils de Sigmund Freud et peintre anglais : l'un des plus chers au monde actuellement; très peu d'oeuvres dans les musées, la plupart dans des collections particulières; par conséquent, chaque exposition est un événement.



La dernière pour moi: à Londres. Pas de surprise dans celle de Paris, pour ainsi dire les mêmes tableaux, mais quels tableaux !



Lucian Freud ne veut pas peindre le beau mais la réalité. Et la réalité n'est pas toujours belle... alors, ça donne des nus aux chairs flasques (et pas des odalisques émouvantes ou des Apollons du Belvédère) ou des vues de son jardin en désordre, d'un réalisme confondant. Avec, il faut bien l'avouer, une touche de génie, et rien à voir avec Constable (dont il copie la précision en obtenant tout à fait autre chose) ou Chardin ou Cézanne (idem). Ses modèles sont ses amis - les pauvres, quelle patience, un tableau dure parfois plusieurs années... - ou lui-même, des autoportraits aux angles inédits.
Ses nus peuvent choquer; il faut y voir une représentation du travail du temps sur la matière. Fascinant. Sortir d'une expo en se disant: c'est laid mais ça dépasse les notions de beauté et de laideur.
Certains l'accusent d'immobilisme (rien de neuf depuis ses débuts, puisque ça paie...), de n'avoir pas vraiment innové (avant lui Egon Schiele ou Otto Dix ou Georges Grosz), de manipuler un public snob; une part de vérité - mais j'ai la faiblesse d'apprécier ce qu'il fait, pour la force et la scénographie. Un ovni figuratif dans l'art contemporain.

Illustrations: un nu (dans les plus sages), le célèbre portrait de la reine Elisabeth, et un autoportrait.
Centre Pompidou, jusqu'au 19 juillet 2010

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