vendredi 9 novembre 2012

Pulsions

Sous-titré: art et déraison
Une ambitieuse expo organisée par la province de Namur en trois lieux différents. J'ai choisi celui qui m'attire le plus: le musée Félicien Rops.
Après avoir flâné pour la énième fois dans les salles de la collection permanente, j'ai plongé dans l'univers de la psychanalyse naissante (nous sommes fin 19ème) et de la médecine de Charcot, qui je le rappelle, soignait les femmes internées à la Salpêtrière (cataloguées folles, à des degrés divers) et a défini les symptômes de l'hystérie féminine, que l'on peut résumer par des postures ou des cambrures contre nature, des crispations des membres, des grimaces de la face, entre autres. Et tout cela, popularisé par les photos ou les premiers films de Richer, a influencé l'art, la peinture, le théâtre, la danse.
Toujours d'après Charcot, l'hystérie masculine existe aussi (ouf), mais est beaucoup plus intériorisée et se manifeste par des attitudes de profonde mélancolie, de désespoir.
En illustration des oeuvres de Spilliaert (son célèbre et sinistre autoportrait), de Toulouse-Lautrec (des poses de Jane Avril, qui avait séjourné à la Salpêtrière, et dont les mouvements s'inspiraient de ce qu'elle y avait vu - de là à cataloguer le french cancan dans la même catégorie, il n'y a qu'un pas), de Egon Schiele (les postures impossibles de ses personnages, et leur impudicité), de Rops, d'Ensor, d'autres, moins connus (de moi), et surtout - c'est ce qui m'a le plus frappé, des photos d'époque de femmes internées, et le parallèle avec des danseuses célèbres de ce temps-là - voiles et mouvements saccadés, souvent impudiques, dont les chorégraphies sont reprises par des artistes contemporaines, et montrées en vidéos. Et aussi Sarah Bernhardt, dont le talent doit beaucoup à ses poses emphatiques, dans l'air du temps.
Il me reste à visiter le musée d'art ancien, où se tient un complément sur la folie au moyen âge, et la maison de la culture, qui se consacre aux artistes modernes sous influence (comprenez, drogue, alcool etc.)
A Namur, donc, où l'on n'a peur de rien.




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