J'ai gardé le meilleur pour la fin... Voilà un thème qui a inspiré les peintres de toutes les époques, et le musée d'Orsay n'a pas dû fouiller longtemps dans ses fonds de tiroirs pour trouver de quoi exposer. Tout a commencé avec Adam et Eve, punis de la peine capitale, eux et leurs descendants, pour une mystérieuse pomme. Un préambule universel mais une expo centrée sur la France.
La période choisie va de 1791, où pour la première fois on parle de supprimer la peine de mort, à 1981, date de son abolition. A la boutique, évidemment, les livres de Robert Badinter; mais je les possède déjà et je les ai lus.
Histoire de mettre le visiteur dans le bain, la première salle présente une authentique guillotine, argument imparable qui donne froid dans le dos. Et la deuxième illustre la sanglante période de la Révolution.
Tant d'artistes de tous les courants se sont intéressés aux criminels, aux exécutions, aux prisonniers: un florilège de Goya, Daumier, Rops, Kubin, Moreau, Degas... je cite pêle-mêle et j'en oublie; certains ont fait de la prison : Schiele, Courbet... Choix d'expressionnistes, violents par essence: Grosz, Munch, Rouault... Affiches et couvertures de journaux racoleurs, le crime à la une pour faire vendre. Le tout entrecoupé de textes choisis de Victor Hugo, ardent défenseur de l'abolition. Moulages de têtes de guillotinés, effrayants de...vie. Et puis on nous rappelle les théories fumeuses de la fin du 19ème et leurs dérives, comme la phrénologie (certains traits physiques seraient propres aux criminels); ou les traitements inhumains dans les asiles psychiatriques; ou les mises aux fers et les bagnes... Bref une expo pas très amusante, mais profondément interpellante et salutaire. tant de pays où subsistent torture et peine de mort... Vaste débat, je sais.
Illustration: l'affiche de l'expo, un Géricault
Au musée du Quai d'Orsay