samedi 1 novembre 2014

Les Vikings débarquent... en Flandre

A Tongres précisément (Tongeren), au musée gallo-romain. Comme mon projet 2015 est la Norvège, que j'ai toujours l'Islande dans la tête, il fallait que j'y aille ! C'est une ambitieuse expo de prestige, en provenance de Stockholm. En sortant de là, on sait tout sur les Vikings, y compris qu'ils se sont installés chez nous et ont fait souche. Figurez-vous qu'ils n'étaient pas vraiment des sauvages, dans l'ensemble des cultivateurs paisibles, mais en l'absence de ciné et autres distractions, certains, plus nerveux qu d'autres, cherchaient des débouchés pour leur commerce, et pratiquaient aussi la justice sociale en pillant les monastères sur la route. Ils se lavaient - uniquement le samedi - et c'est pourquoi samedi signifie jour du bain dans les langues scandinaves. Autre préjugé: ils ne portaient pas de cornes sur leur casque (même pas sûr qu'ils avaient des casques), c'est une invention du costumier de Wagner. Bref allez-y si vous aimez l'histoire et les beaux bijoux en argent, une de leurs spécialités.
La madame de l'affiche a un petit air des Flandres...

vendredi 28 février 2014

Bozar: what's on ?

Nautilus ou Navigating Greece
A l'occasion de la présidence européenne de la Grèce
Vaste tableau de la culture grecque, avec point de départ la Méditerranée. Entre antiquité et art contemporain. Très visuel et un peu kitsch, mais avec des pièces magnifiques en provenance du musée archéologique d'Athènes. On a intérêt à être polyglotte pour lire les explications.

Zurbaran
16ème siècle espagnol, le peintre des moines et des saints. Présent dans tous les grands musées, généralement dans l'ombre de Velázquez et Murillo. Sauf que ses visages, surtout ceux de la Vierge, sont empreints d'une grâce et d'une jeunesse que je n'avais jamais remarquées. Et que les saintes ont surtout l'air de grandes dames du temps...Une découverte.

Michaël Borremans

UN Belge, donc, un Gantois, vivant, contemporain. Magnifique. Si vous avez une heure, courez-y.
Touche-à-tout, peinture, dessins, cinéma, arts décoratifs... Subversif, surréaliste, imaginatif. Ma deuxième illustration s'intitule "l'oreille". Je voudrais reproduire des tas de tableaux qui m'ont plu, mais je préfère vous laisser la surprise. Sur Google, pour les gens pressés.



dimanche 16 février 2014

Une fois n'est pas coutume !

Cadeau d'anniversaire de ma petite Marie: un spectacle de l'humoriste Bruno Coppens. Franchement, j'ai ri du début jusqu'à la fin: Coppens manie la langue française avec une maestria remarquable, jeux de mots, calembours, accents savoureux, vocabulaire impressionnant, rythme endiablé, dans une critique sociétale cruelle mais pas trop, parfois tendre ou grinçante, jamais vulgaire. Le sommet, prenez une série de mots creux au hasard (mélangés par  un spectateur) et composez un discours électoral... et recommencez l'exercice tout de suite après, avec les mêmes mots mélangés par un autre spectateur.
Bref deux heures salutaires, où le rire fait oublier la crise et autres catastrophes - et transcende la médiocrité générale. Ça change de la tragédie grecque !

mercredi 12 février 2014

Des héros, selon Wajdi Mouawad

Souvenez-vous des "Femmes", du même auteur, un spectacle vu l'an dernier avec une controverse autour de la présence de Bertrand Cantat dans la distribution.
Wajdi Mouawad remet ça cette année - il a l'ambition de monter (à sa manière) tout le théâtre de Sophocle.
Donc, cette fois, deux pièces: Oedipe-roi  et Ajax.
Bertrand Cantat a cédé la place à un chanteur qui le vaut largement, une voix déchirante, un physique romantique, une présence étonnante.
Les acteurs sont tous extraordinaires, la mise en scène géniale, que ce soit plutôt classique pour Oedipe ou plus loufoque pour Ajax - normal, l'histoire du héros qui devient fou parce qu'on lui refuse les armes d'Achille mort, fallait la transposer dans l'actualité pour nous toucher.
Mais on est touché en plein coeur, pas de problème. Et le texte de Sophocle n'a rien perdu de sa puissance et de sa vérité.
On peut voir les pièces séparément ou en "intégrale", ce que j'ai fait... on sort un peu groggy. Et que dire des acteurs, qui jouent plusieurs rôles et se retrouvent dans les deux pièces !
A ne pas rater si vous en avez l'occasion
www.wajdimouawad.fr

jeudi 30 janvier 2014

La route bleue, périples et beautés de la Méditerranée à la Chine

Ne croyez pas à un périple géographique ! C'est juste une expo d'artistes, mais quels artistes ! Et aussi quel décor ! La Villa Empain, chef d'oeuvre art déco en péril, restaurée après bien des vicissitudes, et rachetée par la Fondation Boghossian - et devenue un centre d'art et de dialogue entre les cultures d'Orient et d'Occident.
Donc, tout est bleu. Bijoux, tableaux, vases, installations, textiles, photos .... De ce bleu qu'on retrouve sur les faïences de Samarcande, les tapis de Perse ou les parures tibétaines, dont la mode est lancée par les marchands venus de ces mystérieuses contrées. Les objets exposés sont anciens (et tellement précieux) ou contemporains, et tout se marie sans heurt. Ils viennent du Japon, de Chine, du Moyen-Orient, du Maghreb, de Turquie - mais aussi de France, d'Italie, buts des caravanes de la Route de la Soie.
Un éblouissement.




Vous avez sûrement reconnu au passage un Klein et un Miro...

vendredi 20 décembre 2013

A new museum opens its doors !

C'est le musée "fin de siècle", et enfin les toiles du musée d'art moderne fermé depuis trop longtemps refont surface. Suivant une thématique différente, à la fois chronologique et "totale", en ce sens qu'on y découvre tous les domaines artistiques de la fin du 19ème, de la peinture à la sculpture, en passant par la photographie, le cinéma, l'opéra, la littérature, la musique, les arts décoratifs - ah! les superbes vases art nouveau de la collection Gillion Crowet! - et c'est très réussi. Tous nos grands noms: Ensor, Khnopff, Meunier, Mellery, Minne, Wouters, Van Rysselberghe, et surtout Spilliaert; et aussi quelques étrangers prestigieux: Courbet, Van Gogh, Seurat, Sisley, Gauguin, Rodin, Mucha... Scénographie impeccable, riches collections, un beau pendant au musée Magritte. Il ne reste plus qu'à attendre l'ouverture du nouveau musée d'art moderne (en projet près de Tour & Taxis) pour enfin retrouver les Permeke  et contemporains...
Lieu: le musée des Beaux-Arts, rue de la Régence.

Tant que j'étais sur place, j'ai fait un tour à l'expo "museum to scale 1/7, renseignée dans le Soir avec 4 étoiles !!! Une centaine de maquettes reproduisant à l'échelle des montages, des musées miniatures, des installations. De grands noms contemporains s'y sont collés (Fabre, Panamarenko et plein d'autres que je connais mal). C'est divertissant. Mais bon... Et l'explication disponible est un vrai jargon abscons, réservé à une élite snob.
Je suis décidément trop vieille pour goûter l'art contemporain.
Ouf une troisième expo (toujours rue de la Régence) était davantage dans mes goûts: "L'Inde révélée", dans le cadre d'Europalia; de rares photos de pionniers, monuments, paysages, portraits de famille. Magnifique, émouvant, passionnant. Le Taj Mahal avant l'invasion touristique, les forts en bien mauvais état...



Pour terminer, une info importante: j'ai réussi à grimper sans aide dans le train à Ligny ! Vous apprécierez ma résurrection...

mercredi 18 décembre 2013

La vie est une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.

Vous avez reconnu la tirade célèbre de Macbeth, j'en suis certaine; je vous assure qu'en néerlandais, ça sonne tout à fait autrement. Et quand Banquo dit "tot ziens" à Macbeth - et tout le monde sait qu'il va vers la mort, trucidé par le même Macbeth, je suis peut-être injuste, mais ça manque de panache.

Je sors du spectacle de Guy Cassiers, qui a tiré la quintessence de la pièce de Shakespeare, pour en faire une sorte de récital, ou la musique est plus expressive que la parole, les comédiens, réduits au strict minimum (6) déclamant plutôt qu’interprétant. C'est innovant et  perturbant.

La musique est contemporaine (comprenez classique contemporain, pas du rock), composée par Dominique Pauwels et interprétée par un orchestre dans la fosse. Ce qui est splendide - pour moi ça sauve la pièce - c'est le chant des trois sorcières, un vrai choeur à l'antique, personnage à part entière.

La mise en scène est géniale: je veux dire par là les décors (le mur qui avance, le plancher qui se soulève), les jeux de lumière, les costumes, la symbolique des couleurs. Ce qui est perturbant, c'est l'absence de jeu des acteurs -  voulu, évidemment, le rôle de la musique étant primordial.

Vous l'avez compris, c'est en néerlandais, sous-titré, Cassiers est anversois. Le dernier mot de Macbeth est genoeg ! Et j'avais envie de lui répondre: Ik heb ook genoeg. C'est glaçant, très dépouillé, un Shakespeare style roman noir désespéré, sans le côté lyrique à la Kenneth Branagh.

Théâtre National, encore pour un soir.